Pas question ici de citer le journal : ni sa « une » odieuse, ni son nom. Toute la difficulté est de parler de « ça » sans en rajouter dans la pub et le « buzz » voulu certainement par l’hebdo. Mais je veux ici dire ma dissonance dans le concert légitime de réprobation : le dépôt de plainte d’Ayrault est pour moi une erreur.
On ne bâillonne pas la presse et on ne doit pas recourir à la Justice pour interdire la liberté d’expression de manière générale et absolue. Il y a une loi sur la Presse : elle cible l’injure et la diffamation. Il y a un Code pénal qui sanctionne l’incitation à la haine raciale. Ce sont ces instruments et eux seuls qui doivent être utilisés pas l’interdiction de publier, ni la censure, mesures d’un autre temps indigne de nos démocraties et de notre culture du débat.
C’est Christiane Taubira qui a raison : ne donnons pas à cette « une » abjecte une visibilité accrue. Luttons avec force contre le racisme, l’antisémitisme et toutes les formes d’intolérance par l’éducation, le dialogue, la fermeté des convictions humanistes. Madame le garde des Sceaux a « droit » à cette « une » de par son courage et sa détermination sur une mesure phare qu’elle a mené à bout : le mariage pour tous. C’est sans doute LA réforme qui restera du quinquennat Hollande. Loi nécessaire, juste, indispensable. La ministre de la Justice, comme Badinter en son temps, paye le prix fort de sa vision en avance sur son temps. Une plainte gouvernementale contre la presse est un retour en arrière tout aussi stupide que la couverture en question.